Île-de-France Parcs et jardins doivent s'adapter aux usagers...
La dernière journée technique de Seine-Saint-Denis a rappelé qu'il faut tenir compte de la pluridisciplinarité des usages en amont des projets.
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Le programme des cinquièmes rencontres techniques de Seine-Saint-Denis, qui ont eu lieu le 26 novembre dernier au lycée Fénelon, à Vaujours, a annoncé la couleur : un jeune homme à la coiffure un peu provocante, promenant en laisse son... mouton, en occupe la couverture et symbolise les usages inattendus que les citoyens peuvent faire des espaces verts. Inattendus et parfois plus ou moins licites...
Pour que les usagers puissent profiter pleinement des parcs et jardins qui leur sont proposés, mieux vaut qu'une concertation ait eu lieu en amont et que les affectations souhaitées aient été listées et intégrées dès la conception. Mais ce n'est pas toujours suffisant en raison des évolutions. Aujourd'hui, les jeux pour enfants ou autres pistes de skate restent prisés, mais les urbains recherchent dans les espaces verts la possibilité de cueillir des fleurs ou de ramasser des fruits, par exemple. Outre le fait d'être évolutifs et versatiles, les usagers ont aussi l'inconvénient d'avoir des demandes contradictoires. C'est là que le réglement d'un parc (bien qu'il ne soit que rarement lu...) entre en jeu et doit arbitrer pour définir ce qui peut être fait ou non, et à quel endroit cela peut être fait ou non.
La préférence va à la fonctionnalité plutôt qu'à l'esthétique
Élus, paysagistes ou gestionnaires sont parfois désarmés par le comportement des usagers. Aujourd'hui, des sociologues sont là pour les aider. Maëlle Ranoux en fait partie. Elle travaille régulièrement auprès des communes pour les guider dans la manière dont elles peuvent aborder les citoyens qui fréquentent leurs parcs. Elle explique que « les usagers sont l'espèce dominante du parc, au regard de la faune et de la flore. Ils peuvent être une source de richesse ou de dégradation. Aussi, l'axe de gestion de ces espaces ne saurait être fort s'il n'est pas partagé ou partageable ». Une mairie qui a connu des soucis de voitures brûlées toutes les semaines dans un parc a réussi à redresser la situation en faisant des rondes plus régulières et en associant un comité d'usagers qui a négocié l'éclairage d'une partie du site le soir. Il aurait fallu aller plus loin dans la signalétique, mais le travail a porté ses fruits. Dans le 18e arrondissement de Paris, les jardins d'Éole ont été créés au début des années 2000 à partir d'une large concertation d'usagers. Yann Renaud, sociologue, y a aussi travaillé. Il explique, un peu provocateur, que « l'usager préfère un parc fonctionnel à un lieu bien dessiné, contrairement à ce que pensent les paysagistes ». Malgré le soin apporté à la concertation en amont, le site est rapidement devenu un lieu d'échange de drogue. Il a fallu couper des bambous qui protégaient trop les dealers de la vue des habitants du quartier, fermer des accès... Des choses simples qui permettent parfois de faciliter la vie de tous.
Pascal Fayolle
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